Dernièrement j’écoutais se plaindre quelqu’un qui a été soumis à une épreuve quelque peut difficile. Jugez-en par vous même.
Le soir arrivait et cette dame se préparait à se coucher. Son conjoint remplit son verre d’eau pour la nuit à la cuisine, puis passant par devant la porte d’entrée s’aperçoit qu’il y a de la fumée dans l’appartement. Il a appelle la dame : “Viens vite ! Il y a le feu dans l’appartement”… Branle bas de combat ! Je ne vous ai pas dit que la dame à plus de 80 ans et habite au 3ème étage. ne trouvant la source de l’incendie, ils ouvrent la porte d’entrée… C’est l’enfer dehors , avec une fumée âcre et noire qui rempli l’escalier ! Alors, ils referment la porte d’entrée et se dirigent vers le balcon et, s’aperçoivent là, que la fumée leur bouche la vue à l’extérieur aussi.
Heureusement les pompiers sont déjà sur place et les appellent …. “Restez près du sol madame, asseyez-vous et fermez les fenêtres et les portes, on vient vous chercher !”… Quelques minutes plus tard un pompier prend la dame dans ses bras et lui fait descendre par une nacelle les 3 étages, en même temps que son mari. OUF ! Les voilà saufs !
Tout est bien qui fini bien… Il suffira de nettoyer l’appartement de la fumée qui s’est déposée sur les tapis, les meubles et le sol… Une entreprise de nettoyage et hop ! Cela c’est moins bien passé pour l’incendiaire qui habitait au premier étage et incendiaire malgré est brulé au 2 ème et 3ème degré sur une grande partie du corps.
Alors là, la dame arrête sont récit et me demande : “Tu te rends compte ? Le pompier m’a dit heureusement que vous étiez réveillés sinon vous auriez pu mourir étouffés ! C’est terrible !” et moi de répondre “Ouf, c’est finalement génial que tu t’en sorte comme cela non ?” Et là, la réponse, me laisse sans voix : “Je te dis que j’ai failli mourir et toi tu dis que c’est génial ? Tu ne comprends rien ou quoi ?” Aïe ! J’aurai du me taire…. le pompier aurait du se taire… La terre entière ferait mieux de se taire je crois… La dame vient de survivre et moi je suis heureux pour elle, mais non ! Elle veut que je la plaigne …
Que répondre à une plainte ? Si je lui dis que je suis compatissant, elle peut me répondre, “Mais tu ne comprends rien ou quoi je m’en suis sorti c’est génial non ?” Et alors ? Vive le silence.
Finalement je m’en suis sorti en répondant et maintenant “Comment tu te sens ? Veux-tu que je t’aide ? Que puis-je faire pour t’aider ? Que vas-tu faire pour la suite ?”
Et elle est reparti sur une autre plainte “Maintenant il faut que j’attende l’expert, je ne peux pas faire le ménage et en plus on m’a conseillé d’aller à l’hôpital pour faire une radio des poumons” et là … je ne me suis pas fais piégé ! LOL (pas deux fois !) Et j’ai répondu … “Et que vas-tu faire ? veux-tu que je t’aide à quelque chose ?” … Elle a bredouillé quelque chose d’incompréhensible sur le fait d’avoir à faire “quelque chose” d’urgent et m’a dit “au revoir”.
Fin de l’aventure ! Cela me rappelle un précédent article sur les demandes pas claires… Vous vous en souvenez ? Il est facile de se faire piéger dans ce genre de situation, surtout si la personne en face de nous est une personne que l’on aime. Combien de fois devant une personne qui a perdu son conjoint on ne sait sur quel pied danser. Maintenant je reste ouvert : “Que puis-je faire pour t’être agréable, pour t’aider, pour alléger ta peine ?” Et vous ? Comment procédez-vous pour ne pas vous faire tirer à vue, alors que vous voulez sincèrement aider l’autre ? Et oui je ne demande pas comment “manipuler” l’autre mais comment réellement lui offrir votre aide… Des pistes ?
Partageons, ce espace est fait pour cela, non ?
A mon avis, tu vas trop vite dans ta dynamique de sauveur quand tu dis “que puis-je faire pour t’aider ?” Tu peux aller dans son sentiment d’abord “tu es encore sous le choc ?”, aller dans son besoin “tu aimerais te sentir en totale sécurité ?” ou dans une demande éventuelle “veux-tu me dire quelque chose ?”
Tu as raison… je vais trop vite dans l’expression de ma demande… Et si je reste dans l’idée de ne pas aller trop vite. Il est nécessaire alors de ne pas entrer dans une projection (de mon monde) quelconque et donc j’éliminerai les questions inductives du type “Tu es encore sous le choc ?” et “Tu aimerais te sentir en parfaite sécurité” et je remplacerai cela par “Où en es-tu émotionellement par rapport à cet évènement ?” sauf que … savoir parler de ses émotions n’étant pas si facile…
En effet si j’induis qu’elle est sous le choc la réponse sera souvent un déluge de plaintes (ça c’est du vécu… LOL) et finalement je vais induire une réaction chez l’autre qui voudrait peut-être exprimer, autre chose… La question “Veux-tu me dire quelque chose ?” me plait bien car elle permet l’expression… La clarification de l’idée…
Je préfère finalement la question “De quoi as-tu besoin ?”
Parce que si la personne me raconte son histoire c’est qu’elle veut me transmettre un message et qu’elle souhaite une interaction avec moi… “Pour répondre à un de ses besoins…”
Elle pourrait simplement me répondre par exemple : “Je veux une grosse oreille silencieuse…” (en gros Ta gueule) et là je peux reprendre ma liberté d’action… (Partir par exemple, cela ne m’intéresse pas de jouer avec elle !) 😉
Cela dans un monde idéal… Car ce n’est pas facile non plus d’exprimer ses besoins, de la même manière, que de savoir parler de ses émotions.
Merci de ton intervention qui enrichi cet échange et nous permet (à tous les lecteurs) de percevoir les relations plus en profondeur sans s’arrêter à al surface des choses…
Tirer l’oreille du chacal. C’est ce que dit Marshall Rosenberg pour aider un interlocuteur à aller dans son besoin.
– Quand tu demandes “quel est ton besoin ?”, tu n’aides pas la personne, comme tu l’as constaté.
– Quand tu dis “où en es-tu émotionnellement…” tu n’aides pas non plus la personne.
Alors, ose dire, même si tu te trompes…. Ou alors, va dans ton besoin et ton intention. “J’aimerais pouvoir t’aider de la manière la plus efficace possible. Serais-tu d’accord pour en parler ?”
Répondre à une personne en colère est ce qu’il y a de plus difficile à mon avis.
J’adore ton parcours, ingénieur, informatique et psy… Vive le changement.
La vraie question est : “Est-ce que je veux aider l’autre ?”
Lorsque quelqu’un vient me voir et se plaint … Il essaye de me prendre en otage émotionnellement, de manière inconsciente, et ne me laisse pas le choix.
Mon intention initiale est plutôt neutre.
J’ose parler et je n’ai pas peur de me tromper… Je ne me trompe pas en demandant à l’autre son besoin. Si la demande est claire, je garde le choix.
Allons un peu plus loin : Lorsque’une personne vient me voir pour se plaindre. Elle veut me faire entrer dans le triangle de Karpman (inconsciemment). dans la relation d’aide c’est si facile de se faire piéger.
La bienveillance n’est pas l’esclavage.
Un vampire (émotionnel) va agir de la même façon… Et ne pas aller au devant des besoins de l’autre est un peu comme un collier d’ail… Ca éloigne les vampires.
Pour aller dans ton sens, répondre à une personne en colère est le plus difficile. Et n’oublions pas que dans le triangle de karpman, de la position victime, une personne peut passer très rapidement à la position persécuteur et dans ce cas effectivement il passe dans la catégorie “en colère”… 😉
L’idée de base est “Qu’est-ce que je veux vraiment ?”
Le changement c’est génial… car c’est la vie 😉
Merci de cet échange