Je viens d’accompagner vers sa dernière demeure un ami. Il est mort d’un cancer du poumon. Il est mort et je suis triste… Triste et en colère !
Tout d’abord cela me pose un certain nombre de questions auxquels je n’aurais pas forcement la réponse mais que je dois envisager d’abord.
- Fumait-il ? OUI !
- Avait-il décidé d’arrêter de fumer? NON !
- Voulait-il mourir ? Il refusait d’en parler !
Voilà tout est dit, et je reste avec ma tristesse, mais il y a aussi la colère !
La tristesse et la colère sont deux émotions. Le mot émotion vient du latin “e movere” qui signifie, mettre en mouvement… Une émotion est un signal que me transmet une partie de moi pour m’indiquer qu’un changement est nécessaire.
Pas facile d’interpréter la suite, hein ? Un changement, oui, mais lequel ?
La tristesse c’est relativement simple et très complexe. cela veut dire qu’il y a un deuil à faire. Bon, OK, cela je le présentais un peu avec le décès de mon ami, car un deuil est un ajustement psychologique qui tend à stabiliser son état émotionnel suite à une perte.
Mais que vient faire cette colère alors ? La colère est une émotion qui nous indique qu’une de nos valeurs a été violé par quelque chose ou quelqu’un…
Qui a violé quoi ?
Une de mes valeurs, (une chose importante pour moi) est la vie. C’est précieux et je pense que la vie ne doit pas être gaspillée en vain. Cela rejoins la valeur du mot sacré : c’est ce pourquoi je suis prêt à me sacrifier… (même étymologie)…
Alors quoi ? Fumer c’est mourir une fois sur deux. Statistiquement un fumeur sur deux va mourir des suites de la cigarette et pourtant mon ami fumait. Est-il conscient de ça ? Oui m’a-t-il dit un jour et pourtant il fumait… Voulait-il mourir ? Il refusait d’en parler…. Le déni ! C’est la pire des choses que nous pouvons vivre.
Refuser de regarder la vérité en face c’est terrible, or je suis coach et une grande partie de mon métier c’est d’aider les gens à prendre conscience de leur situation et je n’ai rien pu faire… Pourquoi ? Parce qu’il ne m’a pas demandé de l’accompagner à cela !
J’aurai pu … Quoi ? Faire de l’ingérence dans sa vie alors que je cultive l’autonomie ? La contrainte ? Contre son avis ? NON ! Car cela va encore à l’encontre d’une de mes valeurs : la liberté et l’autonomie.
Pas facile la vie, pas facile la mort… Tout se tient dans ce paradoxe.
Le soir de sa crémation, j’étais chez lui et je voyais sur la terrasse tous les hommes qui fumaient ensemble… Sauf moi… Un d’entre-eux n’avait pas de feu pour allumer son bâton de mort (son clope) et un autre lui a dit : “Un homme sans feu est un homme sans queue”… Et je me suis aperçu que je n’avais pas de feu sur moi puisque je n’en ai pas besoin… Alors je me suis dit affectivement la cigarette a encore de beaux jours devant elle … Et les pompes funèbres aussi… Alors je suis entré dans la maison et j’ai pleuré en pensant à mon ami dans son four… Lui a avait du feu, mais plus de queue, et même plus rien d’autre que des cendres.
La cigarette m’a pris mon ami… Le cancer m’a touché en 91 et j’en ai réchappé, je ne fume plus… Mais j’ai fumé longtemps. Mais mes enfants pour la plupart fument… J’ai transmis la vie à mes enfants et en même temps je leur ai transmis la mort, que faire ? Leur dire ? Leur dire quoi ? Qu’ils vont mourir ? Cela est une évidence. Leur dire que je suis triste de les voir détruire leur vie à petit feu ?
Pierre (c’est moi) et si tu regardais ailleurs ? Mais je ne peux pas !!! Je ne suis qu’un homme et j’ai déjà perdu un fils, et cela est insupportable, les parents ne devraient pas enterrer leurs enfants.
Et si nous décidions d’arrêter de fumer ? Qu’est-ce que je dis moi… Les buralistes vont être au chômage, alors Pierre réfléchit un peu l’économie est plus importante que la vie. C’est aberrant !
Je suis en colère contre mais cela ne suffira pas… Je suis en colère contre mon impuissance. Alors j’ai décidé d’accompagner gratuitement un fumeur qui veut s’arrêter de fumer, le coaching sera gratuit pour une personne…
Faire une action concrète… Ma colère s’éloigne … Jusqu’au prochain décès…
Pour ce cadeau si vous êtes en Région Parisienne écrivez-moi ou appelez-moi… Je n’offre cela qu’à une personne, je ne veut pas mettre au chômage tout le monde, mais je tiens à faire quelque chose pour mon ami…
Bien à vous
Pierre, je partage ta tritesse car nous avons perdu le même ami et son départ nous reconfronte une fois de plus à ce drame quotidien qu’est l’intoxication mortelle par le tabac. Je partage encore plus ta colère car je suis aussi en colère contre cette plante toxique à laquelle on a tout d’abord attribué des vertus médicinales pour finalement se rendre compte des dégâts qu’elle peut produire autour de nous. Je suis en colère contre l’Etat qui continue à jouer ce rôle totalement hypocrite de culpabilisateur d’un côté et d’encaisseur de taxes de l’autre. Je suis en colère contre les pauvres buralistes qui sont eux-mêmes en colère contre l’état parce qu’ils voient leurs bénéfices diminuer, alors qu’ils se gavent depuis des siècles en vendant de la mort par paquets de 20 de manière légale. Je suis en colère contre cette répression qui ne sert à rien alors la véritable solution au problème passera par l’éducation (on voit bien aujourd’hui la proportion de jeunes qui fument). Je suis en colère contre les cons qui sous prétexte d’humour à 2 balles font l’amalgame entre virilité et empoisonnement, alors qu’en tant qu’ancien fumeur libéré (victime aussi d’un cancer dû à la consommation de tabac), je considère au contraire que ceux qui ont des couilles, sont ceux qui ont le courage de dire définitivement “NON” à cette plante toxique… Avec toi, je suis en colère et je suis triste pour cet ami commun qui nous a quitté bien trop tôt à cause de ces deux inséparables saloperies que sont le tabac et le cancer.
Pour toutes ces raisons, je m’associe à ton action et si une deuxième personne te fait part de son désir d’arrêter de fumer, j’accepte de l’accompagner gratuitement dans cette belle démarche.
Je lis avec émotions ta réaction et je salue ceux qui comme toi en ont ! Merci et Bravo !
NON à l’humour à deux balles qui cautionne la cigarette. Résolument avec toi.
Pierre