On construit sa vie comme on construit son chemin, en marchant. Quoi que certains vous diront que c’est le chemin qui nous construit. Mais au départ qui a commencé ? C’était la poule ou l’oeuf ?
Au départ il y a la volonté, née de la motivation de la prise de conscience que quelque chose cloche et que l’on veut changer sa vie.
Personnellement, je vis une deuxième vie, un peu comme un joueur de flipper reçoit une “extra-ball”. Je n’ai pas couru après cette extra-ball mais je me suis demandé alors comment vais-je jouer cela ? Après les souffrances à l’hôpital, et les souffrances dans mon corps dois-je continuer à vivre cette vie que je subis ?
A cette époque, je me levais le matin pour prendre un “petit déjeuner” merdique, puis je prenais ma “petite” voiture pour faire un “grand” trajet pour une “grande” journée de travail, puis, je rentrais pour une “petite” soirée devant la télévision et je passais une “petite” nuit avec de “longues” période d’insomnies. Petits plaisirs de la vie en face de grandes déceptions.
Voilà comment se résumait ma vie.
Pourtant quelques années auparavant j’avais déjà vécu une expérience “mortelle”. Surtout mortelle pour Elise, ma première épouse qui décéda d’une rupture d’anévrisme. Alors, je me suis dis, à l’époque, “Il faut que ça change” et j’ai changé … De lieu, mais pas de chaussures ! Et j’ai emporté avec moi les longues journées de travail et les courtes parties de plaisir.
Alors la vie frappa encore à ma porte avec le décès de mon fils Pierre-Simon. Et je me suis dis, “Il faut que ça change” et j’ai changé de voiture… Et toujours pas de chaussures ! Et j’ai continué ma vie comme avant car le besoin de changer n’était pas “URGENT” dans ma tête. Et là mon corps s’est rebellé et m’a montré la route que la vie m’avait montré par deux fois auparavant depuis 1996… Alors ? Que faire ?
Depuis 1991 (année du décès d’Elise) je veux changer, et je ne change pas vraiment… En 2005 je commence le chemin de Saint-Jacques de Paris à Santiago (et j’ai même fais le retour), l’année d’après j’y retourne avec mes enfants puis je prends la route avec mon épouse actuelle. Et j’ai changé de chaussures, de métier, de vie… Enfin !
Et qu’ai-je appris jusque là ?
Que le chemin ne se dévoile qu’à celui qui le fait suffisamment longtemps.
Tant que tu marches, tu apprends. or tu ne peux pas marcher si tes pieds ne peuvent plus le faire. Alors ? Alors, il faut avoir des chaussures à TON pied !
Vendredi, je discutais avec des pèlerins, qui sont tous des habitués de la marche (religieuse ou sportive) et chacun, de donner son avis sur les chaussures :
- Il faut quelles soient basses
- Les sandales c’est mieux
- Semelles Vibram ça c’est sûr
- Il est nécessaire de protéger la cheville
- etc…
Personnellement je viens de trouver la chaussure que j’ai mis en photo dans cet article, et c’est la première fois que je suis si bien dans des pompes ! Une paire de chaussure c’est 4000 à 5000 km … c’est au moins 5 mois de marche. Imaginez que je marche avec des chaussures avec lesquelles je ne suis pas bien parce que mon pied souffre. Et bien dans ce cas, je serai obligé d’arrêter ma marche. Pourtant des chaussures doivent se faire à notre pied, non ? Dans l’armée ma fille m’a dit que ce n’est pas la “ranger” qui se fait au pied mais le pied qui s’adapte à la chaussure…
Et vous avec quoi (et qui) marchez-vous ? C’est vous qui vous êtes fait à la chaussure (et c’est elle qui pilote ?) ou votre choix a été sûr ? Pas facile de choisir sa chaussure quand on sort de la métaphore hein?
Dimanche, en marchant avec mon épouse sur le chemin juste avant qu’on se perde j’ai dit : “Mes chaussures frétillent, elles ont senti la pause prochaine” Or, Nous allions exactement à l’opposé de notre chemin. J’en ai conclu que ce ne sont pas les chaussures qui doivent diriger ma vie !
La chaussure symbolise tout ce qui vous sert à avancer dans la vie, votre famille, vos amis, votre métier… Un clou dans la chaussure et c’est l’arrêt forcé, sauf si vous ne savez pas que vous avez un trou parce que vous n’avez pas marché dans une flaque ! Et la vie, quant à elle, vous met sous les pieds toutes les flaques que vous méritez.
Buen Camino.