Comme d’habitude je vais partir d’un exemple vécu (par un ami) qui est manager dans la fonction publique. Il recherche un/une secrétaire pour son service pour quelques mois, en remplacement d’une absence pour naissance prévue dans les semaines à venir. Il fait donc une demande à sa DRH, avec une description de poste et des missions. Il reçoit donc des propositions, de la dite DRH avec une propositions d’une personne TH (Travailleur Handicapé) a traiter “en priorité”.
Lors de l’entretien, le manager aborde “du bout des lèvres” le sujet du handicap. Pourquoi du bout des lèvres ? Parce que …. Le secret médical, bien-sûr ! Oups, j’y avais pas pensé mais c’est bien vrai cela… Il y a le secret médical et tous les handicap s ne sont pas visibles. Si je ne veux pas décrire mon handicap, j’ai le droit… Moi TH… mais alors que faire ?
Je lui conseille, demande simplement “Que peut-on faire pour que vous puissiez tenir votre poste de manière efficace ?” cela me semble simple et suffisant… Mais est-ce le cas ?
Il le fait ! Réponse : “Mon handicap ne me permet pas de pouvoir “faire de la frappe au kilomètre trop longtemps d’affilée”…
– “C’est quoi trop longtemps ?”
– “Plus d’une heure d’affilée, il faut que je change d’activité régulièrement.”
– “OK, c’est le cas, les activités sont nombreuses et variées. Autre chose ?”
– “Je ne peux pas monter à l’étage trop souvent”
– “C’est Combien de fois trop souvent ?”
– “Pas plus de 10 fois par jour”
– “OK, pas de problème, vous n’aurez à monter à l’étage que pour les photocopies, ce qui n’arrive pas 10 fois dans une journée. Vous avez un en plus un scanner sur votre bureau donc pas de photocopies à faire souvent. Autre chose ?”
– “Non, vraiment pas de problème de plus. J’ai hâte de commencer.”
– “Le poste comme je vous l’ai dit est varié avec de l’accueil du public, de l’assistance aux agents opérationnels, du classement, de l’accueil téléphonique, et de l’inter-action avec moi”
– “Génial ! je commence quand ?”
– “Vous commencez lundi”
10 jours d’essai sur le contrat. Et…. arrive le 11 ème jour et là… La secrétaire est en pleurs dans son bureau. – “Je n’y arriverai jamais ! Il y a trop de travail ! Je ne peux pas faire tout ça”
La manager organise une réunion avec les secrétaires du bureau.
– “Pouvez-vous me dire ce qui vous arrive ?”
– “C’est trop difficile, il y a trop de choses à faire.”
– “Ben, tu n’as jamais à aller à l’étage et je fais TOUTE la frappe” dit l’autre secrétaire
– “Ce n’est pas ça… Mais j’avais dit à la DRH qu’avec mon handicap, je ne peux pas faire beaucoup de chose”
– “Que voulez-vous dire ?” demande le manager
– “J’ai besoin de pauses régulières”
– “Vous ne me l’aviez dit, lors de votre entretien d’embauche”
– “Je l’ai dit à la DRH”
Le manager vérifia auprès de la DRH qui n’avait pas eu cette information… Et bonjour, l’ambiance dans le service ! Il jura qu’on ne l’y prendrait plus. les TH ce n’est pas “fiable”. “Et, en plus, ils mentent ! Tu te rends compte” et là… Je lui rappelle gentiment que je suis TH et pas si menteur que ça… Il sourit mais n’en pense pas moins. Le prochain TH qui se présente, ce sera : NON !
Alors que faire ? Bon alors … Vous croyez que j’ai la réponse ? LOL… Je vous rappelle que je suis coach, et que le coach pose des questions plutôt que d’y répondre. Alors je pose une question dont je n’ai pas la réponse, car le contraire serait manipulatoire.
L’intégration des personnes en situation de handicap passe par une prise de conscience des deux parties que le TH est une personne “performante” une fois que le handicap est compensé par la société et l’entreprise. Ce n’est pas les collègues qui doivent prendre en charge le décalage !
Lorsque je travaille avec des collègues valides dans l’entreprise, je suis un “collègue” avant d’être un TH. Je ne suis pas une charge pour l’entreprise mais une vraie chance. Une chance de voir les choses différement, de faire les choses différement. Et cela passe par “savoir présenter son handicap” et “le prendre en charge au quotidien”…
Le handicap n’est pas un bouclier, c’est une épée à qui sait s’en servir !
Et vous où vous en êtes par rapport au handicap ? C’est une bonne excuse ? Ou c’est un force ? Comment présentez-vous votre handicap ? Et vous les managers, comment en parlez-vous lors des entretiens de recrutement ?
“Ce qui ne tue pas vous rend plus fort…” écrivait Nietzsche. Vous n’êtes pas mort ? Alors vous êtes plus fort ! Vivez “grand train”… LOL